J’ai bientôt 30 ans, et j’ai connu 6 générations de consoles, sans compter les générations de PC (que ce soit au niveau processeurs ou cartes graphiques). Les jeux ont beaucoup évolués, le gameplay, les graphismes, yadi yadi yada, je ne suis ici pour vous retracer l’histoire du jeux vidéo.
Si il y a quelque chose qui a bien évolué en même temps, c’est le journalisme de jeux vidéo. Et pour le coup, ça a plutôt évolué en mal.
Du magazine papier, devenu de plus en plus rare au fur et à mesure des années, nous sommes passés aux sites internets traitant de l’actualité vidéoludique. C’est formidable, on n’a même plus besoin de payer pour de l’info fraiche.
Mais alors, pourquoi j’assume que le journalisme JV c’est de la merde ? Je me dois de vous raconter mon vécu par rapport à ce milieu, accompagné d’un constat sur l’état du journalisme JV papier.
Sans ordre de préférence ni chronologie, j’ai pu feuilleter les pages de Superpower, Megaforce, Console+/max/news, Player One, Joypad, Joystick, Playmag, Playstation Magazine (avouez que vous l’achetiez pour le CD de démo hein !), X64, PC Jeux, Gen4, Jeuxvideo Magazine, Canard PC (qui est le dernier que je lis, et dont je suis abonné depuis plus de 5 ans, on verra les raisons très vite).
J’ai cependant pu construire un aspect critique, via les tests, les previews, les reportages, etc, présents dans ces magazines.
Mon magazine emblématique de ma période 15-25 ans (quasiment), c’était JeuxVideoMagazine (raccourci en JVM).
Un nom désuet, des couvertures moches, un papier dégueulasse et qui s’arrache au niveau des agrafes milieu du mag’. Et pourtant je l’aimais bien ce magazine. Bon okay, le prix était plutôt attractif à l’époque (les premiers numéros coûtaient 10 francs avec un jeu complet, généralement vieux et bof), c’est certainement ça qui m’a fait accrocher.
Le magazine était bourré de pub. Normal, ça justifiait le prix du magazine. C’est assez tard finalement que je me suis rendu compte que plus de 50% du magazine, c’était devenu de la pub. Je m’étais mis a comparer les premiers numéros (de 2000) a ceux de 2008 : y avait (un peu) moins de pub. Ça commençait à me gêner un peu. Mais j’ai continué de lire.
Jusqu’au numéro de Mars ou Avril 2009 me semble. Je n’ai pas trouvé la couverture, mais dites vous qu’en couverture, c’était Batman Arkham Asylum, qui était en test dans ce numéro. Il récolte la note de 19/20, une note que JVM n’avait mis qu’a Half Life 2, et je crois Final Fantasy 9.
Le jeu est sorti fin Août, soit quasi 6 mois après. Sachant qu’un magazine mensuel est bouclé fin du mois pour sortir le mois d’après, le jeu a été donc testé en février/mars par la rédaction.
C’était louche. Très louche !
Ce même mois, je rentre chez moi, n’ayant rien à lire dans le train, je chope un magazine au pif, et jette mon dévolu sur Canard PC, première fois que je le lis.
J’accroche directement au style, la plume, et l’humour. Coïncidence, c’est dans les news de ce numéro, que j’y lis un article qui attire mon attention. La rédaction indique ainsi que contrairement à d’autres magazine, elle n’a pas cédé a la possibilité de tester Arkham Asylum en avance, car Eidos demandait en échange une très bonne note, et une première couverture dédiée au jeu.
Vous comprenez maintenant ?
Je me rends enfin compte que JVM, c’est finalement des putains de vendus. Mais immédiatement, je remet en cause énormément de tests du magazine, mais également de tout les magazines que j’ai pu lire. Combien d’arrangements ont été faits dans ce même genre ?
L’estime du magazine a dégringolé chez de nombreux lecteurs, à raison. La rédaction n’a pas nié, ne se s’est pas défendue, et n’a pas changé sa ligne éditoriale. Preuve en est, plus récemment, Watchdogs a obtenu 19/20 (un indispensable astralo-celesto cosmique), alors que le jeu est très moyen.
Le plus étrange, c’est qu’Arkham Asylum était probablement le jeu de l’année, et méritait sa note, sans avoir besoin d’arrangement.
Maintenant un constat.
Depuis 2010, nous sommes dans une époque ou les magazines emblématiques ont disparu, tels Joypad, PlayerOne, PC Jeux…, principalement à cause (ou au profit) d’internet.
Le Doritos Gate, en 2012, a bien évidemment remis au goût du jour la problématique de la corruption dans le journalisme.
Aujourd’hui, alors que nombre d’internautes fustigent Gameblog, JeuxVideo.com et le journalisme 2.0, beaucoup semblent avoir oublié (ou ne se rendaient pas compte, comme moi, étant jeunes) qu’en leurs temps, les magazines papier étaient tout aussi pourris.
Vous voulez des exemples ?
- Future France (renommé plusieurs fois avant leur liquidation), l’éditeur de JVM possédait nombre des magazines de l’époque : PCJeux, X64, Playpower, OnlineGamer, etc. Tous vendus. Certains n’étaient qu’une pure traduction des équivalents anglais.
- Consoles+ était l’un des pires au niveau « arrangements » du genre. Les anciens se souviendront du système de notation en pourcentages. Rares étaient les jeux obtenant moins de 80%.
- Le magazine officiel Nintendo ou Playstation magazine n’étaient finalement que ce que l’on appelle aujourd’hui, du contenu sponsorisé.
- Gollum sévissait déjà sur Joypad. Vous ne savez pas qui est Gollum ? Petite piqûre de rappel, normalement vous verrez sa tête partout sur Gameblog.
Au final, il faut bien se rendre compte que ce n’est pas uniquement internet qui a tué la quasi totalité de ces magazines (il ne reste plus que JVM chez Future France/Mer7).
Leur lignes éditoriales y sont aussi pour beaucoup.
Des lignes éditoriales que l’on retrouve malheureusement toujours aujourd’hui, et qui profitent désormais du clickbait pour gagner de l’argent…
Triste constat qu’on peut facilement étendre à la presse ciné…