Origines
Amantine Aurore Lucile Dupin est née le 12e jour de messidor de l’an 12 de la République, soit le 1er Juillet 1804, à Paris. Elle est la fille de Sophie-Victoire Delaborde, une roturière, née en 1773 et de Maurice Dupin, un aristocrate, né en 1778.
Sophie-Victoire Delaborde Maurice Dupin
Sophie-Victoire est la fille d’un oiselier parisien. Elle se retrouve orpheline à 16 ans et est mère de plusieurs enfants, de pères inconnus, dont Caroline née en 1799.
Sophie-Victoire se retrouve en Italie après avoir suivi un adjudant nommé Collin, et fait la connaissance de Maurice Dupin dont elle devient d’abord la maîtresse. Ils ont un fils né en 1801 et une fille née en 1803, tous deux morts en bas âge.
Maurice Dupin est officier dans les armées napoléoniennes. Sa mère, Marie-Aurore de saxe Dupin du Francueil née en 1748 est la fille du Maréchal Maurice de saxe, lui- même fils naturel du roi de Pologne, Auguste II de Saxe.
Maurice a lui aussi un fils qu’il ne reconnaît pas, Hippolyte né en 1799 avec une lingère, Mlle Chatiron. Ils sont invités à vivre dans une petite maison près du domaine et Marie-Aurore veille au bien-être de l’enfant. Hippolyte sera plus tard, élevé avec Aurore. Deux mondes totalement opposés s’assemblent.
“Le sang des rois se trouva mêlé dans mes veines au sang des pauvres et petits”. George Sand.
Ils se marient en toute discrétion le 5 juin 1804, un mois avant la naissance de Aurore. La mère de Maurice, Marie-Aurore, désapprouve cette mésalliance et refuse de rencontrer sa belle-fille et sa petite fille.
Maurice élabore un stratagème avec la complicité de la concierge afin que Marie-Aurore connaisse sa petite-fille. La grand-mère est sous le charme et lui offre une bague. Celle-ci ayant été offerte par la belle fille de Louis XV à Marie-Aurore pour son mariage.
Marie-Aurore de Saxe
Enfance
Aurore passe sa petite enfance dans de modestes appartements à Paris avec sa mère, sa demi sœur Caroline et le fidèle Pierrot, ami de sa mère. Son père, souvent absent, court la France et l’Europe à travers les campagnes de Bavière, de Prusse et de Pologne à la suite des armées napoléoniennes.
Début 1808, les armées de Napoléon occupent l’Espagne et Maurice Dupin est un officier en garnison auprès du général Murat à Madrid. Sophie-Victoire rejoint son époux avec sa fille Caroline et leur petite Aurore âgée de 4 ans. Sophie-Victoire est à nouveau enceinte (elle a perdu un petit garçon en 1805) et donne naissance à un petit Louis qui naît aveugle et chétif, en juin.
Deux semaines après la naissance, la famille quitte l’Espagne, qui s’est soulevée contre la France, et rejoint le domaine de Nohant, dans le Berry, le 21 juillet de la même année.
Petit secret : Le domaine de Nohant est une belle bâtisse composées de plusieurs dépendances et de 240 hectares de bois et de terres cultivables ainsi que des fermes. Il a été acquis pendant la Révolution par Marie-Aurore qui voulait se mettre en sécurité.
Nohant
Le bonheur de cette famille enfin rassemblée dans le domaine familial est de courte durée. Le petit Louis meurt le 8 septembre et Maurice le 16. Celui-ci, cavalier aguerri de 30 ans, fait une chute mortelle à cheval. Les vieilles rancœurs entre la belle-fille et la belle-mère refont surface.
Marie-Aurore n’entend pas cohabiter plus longtemps avec sa belle-fille, mais s’étant fortement attachée à Aurore, la grand-mère fait une proposition à Sophie-Victoire. Le 3 février 1809, cinq mois après la mort de Maurice, Marie-Aurore donne une rente annuelle en échange de la garde de la petite Aurore.
Sophie-Victoire retourne à Paris avec sa fille Caroline. Aurore, âgée de 5 ans est totalement orpheline. Elle ne verra sa mère que quelques semaines en été à Nohant et à Paris en hiver. La grand-mère, âgée de 62 ans reporte tout l’amour qu’elle avait pour son fils sur sa petite fille. Elle fait un transfert, jusqu’à appeler Aurore “son fils”.
Aurore vit une enfance libre comme les garçons à l’extérieur de la maison ; elle monte à cheval, joue et se bagarre avec les gamins du village. A l’intérieur, c’est une jeune fille accomplie qui met des robes et joue au piano.
Éducation
Le 12 janvier 1818, après neuf années passées à Nohant, Marie-Aurore envoie Aurore, âgée de 13 ans, parfaire son éducation au couvent des dames augustines anglaise. C’est l’une des écoles les plus prestigieuses à Paris. Le 12 avril 1820, après 2 années, Marie- Aurore y retire sa petite-fille qui nourrit de plus en plus des projets de vie religieuse.
Aurore n’a pas encore 16 ans. Et c’est avec regret qu’elle quitte le couvent dans lequel elle avait trouvé des amies, une vie spirituelle, une vie plus semblable aux jeunes filles de son âge. Sa grand-mère étant très malade, Aurore retrouve la solitude et le calme pesant de Nohant.
Ayant beaucoup de temps libre, elle dévore la bibliothèque ; ce qui lui donnera le fondement de sa connaissance littéraire. Le 26 décembre 1821, Marie-Aurore meurt et Aurore, âgée de 17 ans, hérite de la fortune et du domaine de Nohant. Étant mineure, sa mère revient au domaine et est tutrice des biens de Aurore. Les retrouvailles sont décevantes et Aurore songe à se marier pour “être libre”.
Aurore Dupin et Casimir Dudevant
Épouse
En avril 1822, Aurore séjourne au château du Plessis-Picard, près de Melun, chez des amis de sa grand-mère et fait la connaissance du baron François Casimir Dudevant.
Il a 27 ans, est mince et élégant, fils d’un colonel à la retraite, baron d’Empire, et d’une servante. Ils se marient 5 mois plus tard, le 17 septembre 1822 à Paris. Le 18 octobre, il démissionne de son poste de sous-lieutenant pour vivre de ses rentes et s’installent tous deux à Nohant à la fin du mois.
Mais François Casimir est un mari infidèle et ennuyeux, qui adore chasser et n’a aucun goût pour la lecture ou la littérature. Il voyage, s’arrange pour être à Paris quand Aurore est à Nohant et à Nohant quand Aurore est à Paris.
Pendant que Monsieur gère le domaine, Aurore joue à l’épouse et la mère dévouée. De leur union naît Maurice le 30 juin 1823 et Solange le 13 septembre 1828.
Mariée depuis près de dix ans, Aurore veut conquérir Paris et diriger sa vie. Ne supportant plus les états d’âme de sa femme, Casimir laisse son épouse partir “seule” quelques mois par an, tout en gardant les enfants de 8 et 3 ans et en plus, lui envoie de l’argent tous les mois.
Maurice et Solange Dudevant
Statut
À l’époque, nous sommes sous le Code de Napoléon (promulgué en 1804) où la femme appartient à l’homme. Les femmes sont considérées comme mineures toute leur vie.
Elles sont d’abord sous la tutelle de leur père puis de leur mari. Le mariage et la famille sont le centre de leur vie. Après la Révolution les femmes sont plus nombreuses à publier. Dans le domaine du roman sentimental, leur nombre a doublé à 20% des auteurs publiés.
Contexte politique sous la fin de la Restauration (1814-1824)
En février 1830, le roi Charles X, frère de Louis XVI, fait le choix du féodalisme contre le progrès de la “révolution” avec l’appui du clergé.
Aux quatre ordonnances du 25 Juillet (suspension de la liberté de la presse, dissolution de la Chambre des députés en mai, modification de la Charte constitutionnelle sur le plan électoral notamment et la nomination de conseillers d’État au profit d’ultras notoires) les Parisiens répondent par les Trois Glorieuses : 27, 28 et 29 Juillet.
Le 27, les ouvriers, étudiants et journalistes dressent les barricades ; le 28, tout l’Est de Paris qui abrite les quartiers populaires est mobilisé et se révèle imprenable : 25000 soldats de l’armée royale sont tués et la Garde Nationale rallie les insurgés ; le 29, le Palais-Bourbon, le Louvre ainsi que les Tuileries sont investis par le peuple de Paris. Charles X retire ses ordonnances mais il est trop tard, le peuple est victorieux.
Les Trois Glorieuses
La Monarchie de Juillet (1830-1848)
C’est ainsi qu’avec l’aide de députés parisiens, que le cousin de la famille royale, le duc d’Orléans, accède au pouvoir et devient roi des Français sous le nom de Louis-Philippe Ier. Charles X et sa famille s’exilent en Autriche où le dernier Bourbon mourra le 6 novembre 1836 à 79 ans.
Jules Sandeau
Le 4 janvier 1831, à 27 ans Aurore s’installe à Paris avec son amant, Jules Sandeau, rencontré pendant l’été 1830 chez ses amis Duvernet, originaire lui aussi de Berry.
Ils y retrouvent une petite société de jeunes berrichons, férus de littérature romantique. Sandeau est le point de départ d’un affranchissement affectif et social. Aurore est petite, elle mesure 1,56m, a des yeux noirs, n’est pas particulièrement belle mais a beaucoup de charme.
Jules est de sept ans son cadet, frêle, blond et a l’ambition d’être écrivain. Il deviendra d’ailleurs le premier romancier à entrer à l’académie française en 1858. Il est l’auteur d’une cinquantaine de romans et de pièces de théâtre.
Aurore a un ami du Berry qui se nomme Henri de Latouche, cousin des Duvernet, qui est directeur du Figaro. C’est un journal littéraire, poétique et satirique. Elle y écrit des petits sujets sans signer et commence à gagner son argent, puis avec jules, elle écrit des nouvelles qui apparaissent et dans le Figaro et dans La Mode et le Revue de Paris.
L’écrivaine est née
Aurore et Sandeau écrivent un roman à quatre mains : Rose et Blanche ou la comédienne et la religieuse, signé J.Sand. Il raconte l’histoire de deux jeunes femmes aux destins totalement différents mais finalement liés tragiquement par deux hommes. Il est publié en décembre 1831. C’est un succès. Aurore décide de se lancer seule dans la littérature et se choisit un pseudonyme : George, prénom berrichon. Ce sera donc George Sand.
Sandeau
Petit secret : d’autres femmes romancières ont pris des pseudonymes masculins comme Marie d’Agoult, compagne de Franz Liszt, signée Daniel Stern ou encore Delphine de Girardin signée Charles de Launay.
Toujours à courir dans tous Paris, avec ses amis artistes, pour aller au musée, au théâtre…
Sand se déplace difficilement avec ses robes longues et amples. Ayant obtenu une permission de travestissement de la préfecture de police, elle les échange donc contre des costumes masculins ; redingotes noires et gilets en satin. Ce qui est une transgression pour l’époque !
En amour, Sand se comporte aussi comme un homme. Elle conquit et rompt à sa guise. Après trois ans à Paris, George est devenue célèbre, a gagné son autonomie et une des premières places de la littérature de son temps.
“…sur le pavé de Paris, j’étais comme un bateau sur la glace. Les fines chaussures craquaient en deux jours…je ne savais pas relever ma robe, j’étais crottée, fatiguée, enrhumée, et je voyais chaussures et vêtements, sans compter les petits chapeaux de velours, arrosés par les gouttières, s’en aller en ruine avec une rapidité effrayante…” George Sand.
Elle retourne à Nohant en 1831 pour y retrouver ses enfants et écrire son premier roman : Indiana dont Sandeau, par modestie, a refusé la paternité du livre auquel il était étranger.
Le roman est donc signé George Sand. Publié en 1832, il dénonce les conditions de peu enviables des femmes en France à cette époque.
Elle y revendique la liberté de la femme et le choix de l’homme avec qui vivre. Le roman provoque admiration et scandale. Sand devient la nouvelle coqueluche du milieu artistique et la protégée de Honoré de Balzac. En décembre de la même année, elle publie Valentine, ce qui accroît sa notoriété.
“Qu’adviendrait-il du monde si toutes les femmes ressemblaient à George Sand”. Honoré de Balzac.
En mars 1833, Sand rompt définitivement avec Sandeau pour incompatibilité d’humeur. Il est paresseux et nonchalant mais Sand ne se laisse pas abattre et fait très vite une nouvelle rencontre.
Alfred Musset
En juin 1833, le directeur de la revue des deux mondes, François Buloz, réunit les deux nouvelles stars de la littérature du moment lors d’une soirée à Paris. Sand a publié Lélia où l’héroïne pousse un jeune poète à l’athéisme et au suicide.
Le public est choqué. De six ans son cadet, le vicomte a publié en 1829 Les Contes d’Espagne et d’Italie qui ont assuré sa réputation de dandy inspiré. Musset voit Sand comme une femme et comme un compagnon de littérature.
Grand, beau, bond aux yeux bleus mais instable, parfois violent, talentueux poète, victime de crises délirantes accentuées par l’alcool ; lors d’une promenade dans la forêt de Fontainebleau, Musset est victime d’une crise d’hallucination où il croit voir un spectre de lui qui le regarde.
En décembre 1833, ils partent pour en Italie ; à Florence puis à Venise. Mais Sand tombe malade. Les coliques et vomissements ont eu raison de leur idylle. Musset sort dans les cafés et couche avec des prostituées.
Quelques jours plus tard, alors que Sand guérit c’est au tour de Musset d’être malade. Sans doute la fièvre typhoïde. Sand fait appelle à un jeune médecin vénitien de 26 ans, Pietro Paggiello qui devient vite son amant.
Musset guéri, comprend vite qu’il est cocu et repart seul en mars 1834. Sand reste jusqu’en juillet mais en mal de ses enfants, décide de retourner à Paris en prenant dans ses bagages, le jeune Pietro.
Sand et Musset
Le retour à la réalité est brutal ; le beau médecin “fait partie du folklore italien” ce qui ne colle absolument pas avec le cadre de vie de Sand. Elle l’abandonne à Paris et part à Nohant.
N’ayant pas perdu le contact, Musset et Sand se remettent ensemble en automne 1834, puis se séparent à nouveau en novembre. Désespérée, George se coupe les cheveux.
Son ami Delacroix “le fameux barbouilleur” comme le nomme Sand, immortalise son portrait. Ils se réconcilient en janvier mais la jalousie de Musset et l’instabilité affective de George auront raison de leur histoire. Ils se séparent définitivement en mars 1835. Alfred publiera leur histoire en 1836.
“On peut avoir le dernier mot avec une femme, à condition que le mot soit soit OUI”. Alfred de Musset.
Frantz Litz, compositeur hongrois et pianiste et l’un des meilleurs amis de Sand la réconforte après sa rupture. Grâce à lui, elle découvre le récital. Pour Sand, l’art absolu c’est la musique.
“Si j’avais eu une bonne éducation musicale, j’aurais voulu être compositrice et c’est là avec la musique que j’aurais pu rendre au plus juste mon état d’esprit”. George Sand.
Le divorce
Octobre 1835, la séparation judiciaire avec Casimir Dudevant est affirmée. Sous le Code Napoléonien, les procédures sont longues, compliquées et les préjugés dommageables pour les femmes infidèles même si les maris le sont aussi.
Sand vit donc une vie rangée afin de montrer patte blanche et est défendue par Louis Michel (qui sera son amant pendant 2 ans et aura une influence intellectuelle sur George). Le 16 février 1836, le divorce est enfin prononcé. Sand recouvre ses biens et obtient la garde de ses enfants.
Politique
Le 28 juillet 1835, à l’occasion du 5e anniversaire de la révolution de Juillet, le roi Louis-Philippe passe en revue la Garde Nationale. Il échappe de peu à un attentat mais l’explosion fait 18 victimes.
Thiers, ministres de l’Intérieur profite de l’occasion pour faire voter des lois répressives : il réorganise des cours d’assises pour le jugement des actes de rébellion et interdit toute contestation des principes du régime. Cette censure entraîne la disparition de trente journaux républicains.
Romans
En juillet 1836, George publie Simon ; roman sur la justice sociale, les conditions de vie modestes, la liberté et l’égalité des sexes et classes.
Août 1837, elle publie Mauprat qui est un roman d’amour et d’éducation sur une histoire de famille à l’aube de la Révolution française.
Hiver 1837, elle écrit plusieurs lettres sur la condition féminine dans “Le Monde”.
En 1838, elle publie Les Lettres à Marcie qui sont un recueil sur la place de la femme au XIXe siècle.
1837/1838, elle publie La Dernière Aldini qui et un roman qui raconte l’histoire d’un chanteur italien qui connaît une ascension sociale et des passions amoureuses et Les Maîtres mosaïstes lui aussi marqué par le souvenir de l’Italie.
Frédéric Chopin
Né en 1810 dans un village près de Varsovie, d’un père français et d’une mère polonaise. Il a 26 ans, l’élégance d’un dandy, les yeux bleus mais est de santé fragile. Il donne très peu de concerts et joue devant un cercle choisi.
Le 8 mai 1838, ils se rencontrent lors d’un récital qu’il joue chez Adolphe Custine. Sand, 32 ans, est séduite, lui non, méfiant de sa réputation. Mais dès juin, ils ne se quittent plus.
À la fin de l’été 1838, Chopin manifeste des problèmes pulmonaires ; le couple prépare leur voyage pour Palma, île au large de Barcelone, s’y installent le 8 novembre avec les 2 enfants de Sand, puis s’établissent à Valldemosa, en pleine montagne, à la mi-décembre dans l’intention d’y rester jusqu’au printemps.
Malheureusement, le voyage tourne court. Les mœurs de Sand et la piété de la population ne font pas bon ménage et les problèmes de santé de Chopin s’aggravent en raison d’un climat trop froid et humide. Il crache du sang.
Ils repartent à la fin de février 1839 à Marseille afin de soigner Chopin, puis au bout de 4 mois de convalescence, il regagnent Nohant. La vie s’organise autour de Chopin ; l’hiver à Paris et l’automne à Nohant où les enfants les rejoignent. Maurice est élève dans l’atelier du peintre Eugène Delacroix et Solange est placée dans une pension non religieuse.
Avril 1840, Sand se lance dans une nouvelle activité : le théâtre. Cosima ou la haine dans l’amour. Mais cette pièce est un échec et Sand ne retentera l’expérience que 9 années plus tard.
Sand engagée
George est sensible à la misère. Dans les années 1840, la révolution industrielle est née ; la France devient ouvrière et les patrons ont le pouvoir absolu. Louis-Philippe qui est au pouvoir depuis 1830, est clairement du côté des riches, des compagnies minières et ferroviaires, et mène une politique de répression lorsque le peuple se révolte.
La poésie populaire a été encouragée par la création de journaux tels que “La Ruche”, “L’Union” ou encore “L’Atelier”. Des hommes et des femmes d’origine modeste y publient leurs poèmes et sollicitent le parrainage d’hommes de lettres.
Sand admire les poèmes de Charles Poncy, maçon toulonnais avec qui elle restera liée toute sa vie. Avec Agricol Perdiguier, menuisier avignonais, auteur du Livre du compagnonnage publié en 1839, elle apprend le fonctionnement du compagnonnage, son histoire et ses traditions.
Elle s’en inspire pour Compagnon du tour de France qui paraît en décembre 1840. Le roman est mal accueilli par les libéraux et bonapartistes.
En 1841, avec ses amis Pierre Leroux et Louis Viardot, Sand crée la “Revue Indépendante”, après avoir rompu son contrat avec “La Revue”, dirigée par Louis Buloz, qui publie aussi bien des poèmes écrits par les ouvriers mais aussi aussi des articles de politique étrangère. C’est un franc succès !
En Juillet 1843, une affaire marque son entrée dans la vie politique. Une idiote de 15 ans a été abandonnée dans la campagne par des religieuses de la Châtre et cette dernière fut retrouvée enceinte. Sand proteste dans son journal mais le procureur du roi à la Châtre lève toute sanction contre l’établissement.
La même année, Sand publie Consuelo ; roman relatant de l’ascension sociale d’une bohémienne vivant un amour éphémère avec un comte.
À l’automne 1843, le couple s’installe au square d’Orléans où les enfants ont leur place. Trois années se passent ainsi. La même année, Pierre-Jules Hetzel, sorte d’agent littéraire de Sand en plus d’être un ami proche, devient éditeur et conseiller de Sand dans la négociation de ses contrats avec les directeurs des journaux et revues.
En 1844, Sand publie Jeanne tirée de cette histoire. La même année, Sand décide de créer son propre journal “L’Éclaireur” qui couvre les départements de l’Indre, du Cher et de la Creuse.
Sand dispose maintenant de deux tribunes de genres très différents et utilise sa notoriété afin d’être l’un des porte-parole les plus actifs et les efficaces de son époque. Elle y écrit des romans dans lesquelles ses préoccupations politiques se trouvent discutées par les personnages qu’elle met en scène.
En Janvier 1845, Sand publie, dans “La Réforme”, Le Meunier d’Angibault qui dénonce les préjugés liés au sexe et à la condition sociale.
Un nouveau personnage attend son heure
Louis-Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon Ier n’a que 6 ans lorsque son oncle vogue vers Sainte Hélène et connaît lui-même l’exil en 1815.
Élevé en Allemagne puis en Suisse dans le culte de son oncle et le désir de rendre la prestance perdue aux Bonaparte. Il rejoint l’artillerie suisse en 1830 puis, après la mort de son frère aîné Napoléon-Louis en 1831 et celle de l’Aiglon en 1832, Louis-Napoléon Bonaparte devient le seul prétendant à la couronne.
Il tente deux coups de force : à Strasbourg en 1836 et à Boulogne en 1840. Le roi Louis-Philippe le fait enfermer au fort de Ham d’où il s’échappera au bout de 6 années de captivité, en 1846.
En mai 1846, les tensions entre Sand et Chopin se multiplient. Le 19 mai 1847, Solange se marie avec Auguste Clésinger, un sculpteur. Chopin est réticent à propos de cette union et Sand le remet méchamment à sa place car il ne fait pas partie de la famille.
Courant mai, Solange demande de l’argent à sa mère afin d’éponger les dettes de son époux, une scène éclate et Solange et son mari sont mis à la porte définitivement. Chopin prend la défense de Solange qu’il affectionne et veut continuer à la voir. Sand ne lui pardonne pas et cet épisode met fin à leurs 8 années de relation.
La même année, Sand publie La Mare au Diable, une intrigue amoureuse, qu’elle dédie à Chopin.
En 1847, elle publie Le Péché de Monsieur Antoine qui ressemble au Meunier d’Angibault puis commence la rédaction de son autobiographie : Histoire de ma vie.
Auguste Clésinger
Solange Dudevant
Révolution de 1848
Provoquée par une série de facteurs économiques et le mécontentement à l’égard du peuple, cette révolution est souhaitée par les libéraux, les bonapartistes, les républicains et les socialistes. La fusillade du boulevard des Capucines a mis le feu aux poudres.
Dans la nuit du 23 au 24 février 1848, Paris s’est hérissé de barricades. Au matin, les émeutiers de la veille sont devenus des révolutionnaires. Louis-Philippe commet l’erreur de confier le commandement des troupes de la capitale à l’impopulaire maréchal Bugeaud dont le nom rime avec répression.
Quant aux ministres, pour rétablir l’ordre, ils “inondent” Paris de la Garde Nationale, qui a le plus grand mal à contenir les insurgés. Ces derniers prennent d’assaut les Tuileries, un poste à l’angle de la place de la Concorde et de l’avenue Gabriel, puis le Château d’Eau.
Le roi est dépassé, en quelques heures, le pouvoir a basculé. Le roi abdique et fuit en Angleterre. Trois jours avaient porté Louis-Philippe au pouvoir ; trois jours l’en firent glisser à jamais.
Seconde République (1848-1852)
La République est prononcée le lendemain et à sa tête Alphonse de Lamartine qui rédige une nouvelle Constitution : abolition de la peine de mort pour les délits politiques, abolition de l’esclavage et de la censure et le suffrage universel est accordé aux hommes. Sand est enchantée !
Elle publie un conte d’auteur, des brochures pour faire des propositions pratiques sur ce qui doit être changé.
En mars 1848, Sand croise Chopin par hasard, dans l’escalier que conduit à chez une amie commune, et apprend par ce dernier que Solange a donné naissance à une petite Jeanne. Malheureusement le bébé mourra au bout de quelques jours.
Quelques jours plus tard et seulement pour quelques mois, Maurice est élu maire de Nohant-Vicq et Sand veut que les listes électorales de l’Indre pour l’assemblée nationale comportent au moins un candidat ouvrier et un paysan.
Rude besogne.
Le paysan bourrichon est méfiant et le notable n’entend pas partager le pouvoir. Sand publie plusieurs appels au peuple, l’invitant au courage et à la détermination.
Sand fonde un nouveau journal très à gauche : “La cause du peuple” qui commence à paraître le 9 avril et ne comptera que 3 numéros. Elle y expose son point de vue sur les événements du moment parfois en se faisant passer pour un homme ou une femme de condition modeste. Sand est considérée comme l’égérie, la muse par les ennemis de la révolution.
Seulement, à peine trois mois plus tard, cette jeune république menée par des libres pensants, tel que Alphonse de Lamartine, vivant dans le luxe et n’ayant pas les connaissances sur les besoins de la populace française, ne satisfait pas la classe ouvrière qui sombre chaque jour un peu plus dans la misère.
Le peuple est en colère et le temps des barricades et un gouvernement républicain donnant les pleins pouvoirs à l’armée. Bilan : 15000 morts.
Sand est révoltée.
Le climat politique se dégrade de jour en jour. Le 15 mai, des radicaux pénètrent dans le Palais-Bourbon et les chefs proclament la dissolution de l’Assemblée Nationale. Le coup d’État avorté, les arrestations se succèdent dont les amis de Sand tels que Barbès, Blanqui et Raspail qui sont conduits en prison.
Le 23 juin le gouvernement dissout les ateliers nationaux (organisation destinée à fournir du travail aux chômeurs parisiens après la révolution de février 1848), la capitale est secouée par de violentes bagarres de rues.
L’état de siège est proclamé et le général Cavaignac, ministre de l’Intérieur, choisit de réprimer avec fermeté l’insurrection. Bilan : plus de 5000 morts et des milliers de déportés en Algérie (colonisation du pays) pour un certain nombre d’opposants.
Sand est accablée.
Cette révolution aura raison et de “L’Éclaireur” et de la “Revue Indépendante” qui cesseront de paraître en Juillet.
En mai 1849, Solange met eu monde une deuxième petite Jeanne. La naissance rapproche Solange de sa mère mais les relations restent tendues.
Le 17 octobre 1849, à 39 ans, après une tournée de concerts éprouvants, Chopin meurt de la phtisie dont il a souffert toute sa vie. Cette même année, Sand publie La petite fadette.
Petit secret : Auguste Clésinger réalise son masque mortuaire, un moulage de sa main et le monument funéraire au cimetière du Père-Lachaise.
En décembre 1849, deux hommes arrivent à Nohant. Hermann Müller Strubing, musicien allemand et ami de Pauline Viardot (cantatrice et amie de Sand) et Alexandre Manceau, un graveur de 31 ans et ami de Maurice.
De 14 ans son cadet, il sera son amant et son secrétaire.
Manceau
Louis-Napoléon profite de la révolution de 1848 pour rentrer en France. Après la chute de Louis-Philippe et l’avènement de la IIe République, la Constitution prévoit l’élection d’un président de la République au suffrage universel.
Louis-Napoléon est candidat et organise une propagande efficace ; son programme a de quoi convaincre tous les partisans d’un ordre sans appel ni faiblesse. Avec 5 434 000 voix, soit 72% des suffrages exprimés, c’est un prince-président qui entre à l’Élisée.
Sand voit dans cette élection la preuve que le temps de d’une république égalitaire et fraternelle n’est pas encore arrivé. En effet, trois années de gouvernement difficiles où la liberté d’expression se trouve entravée. Louis-Napoléon a la ferme intention se rétablir l’Empire !
Dès 1849, Sand redonne place au théâtre. Théâtre de société ou de marionnettes, mère et fils travaillent ensemble. François le Champi est un succès grâce au charme et à la simplicité de la pièce. En 1851, Claudie est joué, c’est un succès, puis Le Mariage de Victorine mais le coup d’État de Louis-Napoléon provoque son interruption.
Un premier roman est directement inspiré des activités théâtrales de Nohant : Le Château des Désertes.
Louis-Napoléon met sur pied l’opération “Rubicon” le 2 décembre 1851, jour de l’anniversaire d’Austerlitz et du sacre.
Quelques barricades sont dressées dans Paris, quelques émeutes éclatent dans les départements les plus républicains, ce qui entraîne une vague d’arrestations, mais l’opération réussit. La dictature est en place. Louis-Napoléon dissout l’Assemblée Nationale et appelle les français à approuver une nouvelle Constitution par un plébiscite, qui rétablira l’Empire (vote direct du peuple sur la confiance donnée à un homme ayant accédé au pouvoir).
Dès le Ier janvier 1852, Louis- Napoléon quitte le palais de l’Élysée pour celui des Tuileries. L’Empire est de retour.
Sand profite de sa notoriété pour demander audience afin de plaider la cause d’amis républicains condamnés à mort, à la prison à vie ou à la déportation en Algérie. Elle reçoit le soutien du comte d’Orsay et du prince Jérôme, cousin de Louis-Napoléon.
Son intervention est vue comme une trahison de la part des socialistes et républicains. Les accusations se multiplient, les insultes fusent mais sa notoriété est intacte ; son lectorat a augmenté. Sand se retire peu à peu de la vie politique.
Petit secret : frappé par le décret de bannissement du 9 janvier 1852 avec 65 députées de l’opposition, Victor Hugo quitte Paris pour Bruxelles puis pour les îles anglo-normandes.
Victor Hugo
Sand et Hugo ne s’apprécient pas mais les événements précédents les rapprochent. La résistance de Hugo à l’égard de la politique d’un Bonaparte qu’il a d’abord soutenu, le bannissement dont il est l’objet, la publication “d’histoire d’un crime” puis de “Napoléon le Petit” en 1852 suscitent l’intérêt et la sympathie.
À partir de 1855, les deux auteurs entretiennent une relation épistolaire sans jamais se rencontrer. “Nini”, la petite fille de Sand meurt en 1855 et Victor Hugo est toujours marqué par le décès de sa fille Léopoldine en 1843.
Devenu Napoléon III, Louis-Napoléon est un empereur avide de gloire militaire mais sous son règne, la France s’épanouit dans l’ère industrielle grâce à la sidérurgie et l’essor des chemins de fer, et la modernité avec l’établissement de grandes banques d’affaires telles que Rothschild ou encore Pereire ainsi que des établissements de crédit.
Enfin, la production agricole augmente considérablement pour nourrir convenablement un pays prospère. En 1855, Napoléon III décide la tenue à Paris de la première exposition universelle des produits agricoles et industriels, ouverte aux productions de toutes les nations ; en parallèle se déroulera une exposition des beaux-arts.
Petit secret : En 1837, les frères Pereire, des banquiers visionnaires, ont contribué à créer la première ligne de chemin de fer relient Paris à Saint-Germain et à Versailles. Grâce aux Crédit immobilier les frères financent la plupart des réseaux de chemin de fer, les compagnies de gaz et des omnibus (historiquement, un véhicule à traction hippomobile assurant un service de transport public régulier. Le terme a donné ses dérivés : autobus et bus) à Paris.
Entre 1851 et 1855, paraient dans ” l’Illustration”, cinq articles de Sand sur les coutumes du Berry.
1853, Sand publie Mont-Revêche et la filleule qui traitent des relations difficiles entre les générations.
En 1854, Émile Girardin (fondateur de la presse en 1836) qui se porte acquéreur des droits de publication d’Histoire de ma vie dans son journal. Du 5 octobre 1854 à juin 1855, 138 feuilletons y sont publiés. Le succès est énorme.
La même année, Maurice et Sand disposent d’un vrai théâtre et donnent plusieurs pièces entre avril et septembre : Oswald, Yseult de Vivonne, Elfrida la Juive, Richard XXII, Arthur Ier, L’Auberge du Haricot vert et bien d’autres encore. Les scénarios sont de Maurice et parfois de Sand et les acteurs sont Maurice et Eugène Lambert(ami de Maurice).
Décembre 1854 sonne la séparation officielle de Solange avec Auguste Clésinger. La mésentente des époux durait depuis quelques années tout comme la vie “dissolue” de Solange, ce que désapprouve Sand.
Elle décide donc de demander la garde de sa petite-fille. Clésinger, irrité de l’ascendance de sa belle-mère sur sa famille, il fait placer la petite Jeanne dans une pension parisienne en attendant de savoir qui aurait la garde.
Quelques jours plus tard, Sand l’obtient mais la petite Jeanne meurt d’une scarlatine mal soignée dans la nuit du 13 au 14 janvier 1855. Elle n’avait pas encore 6 ans.
Le 11 mars 1855, Sand, Manceau et Maurice partent pour l’Italie jusqu’au 29 mai.
Vers 1855/56, Alexandre Manceau se voit confier l’administration de Nohant dont il s’acquitte scrupuleusement en plus d’être mêlé aux activités du théâtre.
L’été 1857, lors d’une randonnée, Sand et Manceau découvrent la vallée de la Creuse et arrivent dans le petit village de Gargilesse dont ils tombent amoureux. En mai 1858, Manceau fait l’acquisition d’une petite maison que Sand appelle “Villa Algira” ou “Villa Manceau”. Ils y feront de brefs séjours réguliers.
Le 10 janvier 1858, après plusieurs mois de travaux, le couple s’installe dans leur maison à Gargilesse, dans la Creuse mais Maurice est jaloux de leur relation et Sand se met en quête de lui trouver une épouse.
En Octobre 1858, sous le titre Légendes rustiques, Sand publie encore 12 légendes berrichonnes parmi lesquelles : Les Pierres-Sottes ; Les Laveuses de nuit ; Le Menu de loups ; Le Moine des Etangs-Brisses ; Les Flambettes….
1859, un deuxième roman inspiré des activités théâtrales voit le jour : L’Homme de neige. Il paraît dans “la Revue des Deux Mondes “et signe la réconciliation entre Sand et le directeur de journal François Buloz.
En 1862, Sand publie Tamaris, roman d’amour, inspiré par son premier séjour dans le midi au printemps 1861.
Le 17 mai 1862, à 39 ans, Maurice épouse Lina Calamatta, âgée de 20 ans et fille de son ami, peintre et graveur Luigi Calamatta. “J’épouse Maurice car je ne peux épouser la mère”. dit Lina. Sand affectionne particulièrement sa belle fille. Le 14 juillet 1863, anniversaire de la prise de la Bastille, le petit Marc-Antoine voit le jour et fait le bonheur de toute la famille.
Lina Calamatta
En 1863, Les relations entre Maurice et Manceau sont devenues impossibles. En mars 1864, Sand décide de s’installer à Palaiseau, en banlieue parisienne, avec Manceau qui présente depuis quelques temps les mêmes signes de maladie que Chopin.
Le graveur écrira « Pendant les quatorze ans que j’ai passés ici, j’ai plus ri, plus pleuré, plus vécu que pendant les trente-trois qui les ont précédés ». En juin, Maurice quitte Nohant pour Guillerny afin de présenter le petit Marc-Antoine au baron Dudevant mais le bébé tombe malade et meurt de la dysenterie le 21 juillet 1864.
Médaillon contenant les cheveux du petit Marc-Antoine
Coté théâtre, en mars 1864, Sand fait l’adaptation de son roman Le Marquis de Villemer, drame sentimental aux accents égalitaires, auquel Alexandre Dumas fils a mis la main la patte. C’est un triomphe !
Courant année 1864, la maison de Gargilesse est vendue à Maurice malgré les tensions avec Manceau alors que les rapports entre Sand et Solange continuent eux aussi à se dégrader. De plus, Solange ne travaille pas et continue de demander de l’argent à sa mère.
Lorsque la jeune femme fait part de son projet de s’installer dans le Berry, Sand met son “véto”. Sa fille, de part son antipathique avec ses amis et de ses idées totalement opposées à celles de sa mère, Sand veut s’épargner des disputes avec sa fille et entend garder sa liberté de recevoir ses amis.
Solange décide de rompre les relations avec sa mère alors que cette dernière lui verse une une pension et ce jusqu’en octobre 1865.
Sand, 1864
En 1865, l’état de Manceau continue de se dégrader. Le graveur meurt de la tuberculose à 47 ans, le 21 août. Sand perd celui dont elle disait : « Il est ma force et ma vie ».
Par testament, Manceau a désigné Maurice légataire universel. La même année, Sand publie Confessions d’une jeune fille qui parle de relations familiales difficiles. Sand retourne à Nohant et vend Palaiseau en 1869.
10 janvier 1866, Lina met au monde une petite fille nommée Aurore. Grâce à cette naissance, Nohant revient à la vie. La même année, Sand publie Le Dernier Amour dans la “Revue des Deux Mondes”.
11 mars 1868, une deuxième petite fille agrandit la famille ; Gabrielle. La même année, Sand publie Mademoiselle Merquem. Roman parlant d’une jeune fille cultivée qui marraine une petite communauté utopique. Il offre une vision idéalisée de la société et de l’amour.
19 juillet 1870, la France déclare la guerre à la Prusse ; le 1er septembre : défaite de Sedan. Napoléon III s’est rendu aux Prussiens.
Le Second Empire prend fin dans la débâcle. Le 4 septembre, la Troisième République (septembre 1870-juillet 1940) est proclamée à Paris. Le 28 janvier 1871, c’est l’Armistice. Thiers est le chef du pouvoir exécutif ; l’Alsace et la Lorraine sont saisies par l’Empire allemand.
En 1871, Sand, âgée de 67 ans, vit en harmonie avec sa famille à Nohant sous la houlette de Maurice, seul maître désormais. Le temps des conflits est terminé.
Lina avec Aurore et Gabriella
En juin 1872, Sand adapte Mademoiselle La Quintinie, intrigue amoureuse, au théâtre. Puis à l’automne, elle publie en feuilleton Nanon, roman évoquant la Révolution du point de vue de la paysannerie, classe majoritaire dont le XIXe siècle a peu tenu compte. Sand publie aussi des contes pour enfants sous le titre de Contes de grand-mère, dédiées à Aurore et Gabrielle.
Vers 1874, ayant des problèmes de santé qui l’empêchent de voyager, Sand s’adonne à l’aquarelle et pratique avec dextérité à la “dentrite”; technique qu’elle appelle aussi “aquarelle à l’écrasage”.
La couleur est déposée au pinceau sur le papier et pressée encore humide avec une feuille absorbante pour obtenir une tâche aléatoire. Elle accuse ensuite certaines lignes à l’aiguille et à la plume ; elle achève enfin ce paysage imaginaire à l’aquarelle, parfois rehaussée de blanc, en utilisant la réserve du papier.
Cet écrasement produit des nervures parfois curieuses. Mon imagination aidant, j’y vois des bois, des forêts ou des lacs, et j’accentue les formes vagues produites par le hasard. George Sand.
1875, Sand publie Flamarande, qui aborde l’importance de la famille, la rigidité de la morale et d’autres thèmes qui lui sont chers ; Marianne Chevreuse relatant une histoire d’amour ; ainsi qu’une nouvelle série de contes.
Sand, entourée de sa famille, 1875.
En mai 1876, Sand souffre atrocement d’une occlusion intestinale probablement causée par un cancer de l’intestin. Elle écrit sa dernière lettre à son petit neveu Oscar Cazamajou (petit fils de Caroline Delaborde) :
“J’ai fait mon temps, et ne m’attriste d’aucune éventualité . Je crois que tout est bien, vivre et mourir, c’est mourir et vivre de mieux en mieux”.
Sand demande à Solange d’installer un lit de camp devant la fenêtre pour pouvoir regarder les deux cèdres qu’elle avait fait planter pour la naissance de Maurice et de Solange.
Sand interdit sa chambre à Maurice et à ses petites filles tandis que René Simonnet (petit fils d’Hippolyte Chatiron) et Oscar Cazamajou sont auprès d’elle la journée.
Le 7 juin, Sand réclame ses petites filles puis le lendemain son état décline encore. Dans ses derniers instants, Sand murmure “Laissez verdure” . Ce 8 juin 1876, à 9h30, la Dame de Nohant s’éteint.
“L’absence et la mort ne diffèrent pas beaucoup, on ne se quitte pas, on se perd de vue mais on sait bien que n’importe où on se retrouvera”. George Sand.
Sources :
- Biographie de George Sand par Martine Reid
- George Sand (Secrets d’Histoire)
- Le Larousse des Rois de France
- Le Grand Atlas : Les Rois de France
- 1001 secrets d’histoire de France
- Le bel esprit de l’Histoire
- Le dernier amour de George Sand par Evelyne Bloch-Dano
- musée de la vie romantique