Il était une fois, un bar de Dunkerque, appelé le W. Un lieu, hors du temps, où on a vu des choses qu’aucun être humain ne devrait voir, un endroit indescriptible mais je vais essayer tout de même.
Ambiance du bar
Les années … Je ne sais pas, je ne devais pas être né.
La musique était du genre années 80, voir un peu avant. La déco ? Pareil. La clientèle ? Elle aussi avait dépassé la date de péremption.
Les gérants du bar
Roger et Monique. La « belle » Monique, comme on l’appelait entre nous (ironie ? Non, on n’oserait pas, nous sommes du genre sérieux.)
Lui, la quarantaine, toujours bourré en fin de soirée, mais très sympathique. Il payait sa tournée de temps en temps, mais comme il disait : « Pas tous les week ends, hein ! » avec un bel accent du Nord. Il aimait nous donner des surnoms à mon frère, mon couz, mes potes et moi. Je ne les ai pas tous retenu, mais il y en avait un qui revenait souvent : « Les Rangers »
Pourquoi ? On n’en sait rien, et on ne le saura sans doute jamais.
Elle, la cinquantaine, peut être plus. À vrai dire, les dégâts de l’alcool et de la cigarette n’aidant pas à donner un pronostic juste. Elle était plutôt sympathique, et nous laissait tranquille dans notre coin.
Quand on entrait dans ce bar, on n’avait l’impression d’être dans Rambo avec les clients qui nous regardait du genre :
« Ici, on n’aime pas beaucoup les étrangers. »
Mais qu’est ce que vous faites dans ce bar me direz-vous ?
Les fléchettes ! En tant que compétiteur, on adorait ça. On venait régulièrement s’affronter à ce jeu, et cela nous faisait passer notre soirée. C’était « bieng » comme dirait Didier Deschamps.
Est-ce qu’on aurait pu aller ailleurs pour jouer ? Pas vraiment. Il y avait un autre bar sur le Dunkerquois où se trouvait un jeu de fléchette, mais il fermait assez tôt et l’odeur des plats (c’était aussi un restaurant) typiques du Nord (Maroilles et compagnie) n’avait pas vraiment nos faveurs.
Parfois, il nous est même arrivé d’affronter des joueurs locaux. Je me rappelle d’un type sortant son propre jeu de fléchette de sa poche. C’était aussi le mec ayant le plus long bras que je n’ai jamais vu. On avait l’impression qu’il touchait presque la cible lorsqu’il le tendait.
C’est là aussi qu’on a rencontré un serbe complètement fou. Il nous racontait sa vie et sa vision des choses.
Il avait notamment une théorie sur les femmes. Pour lui, il fallait leur mettre une « bonne calotte (claque) avant de partir de chez soi, comme ça elle ne pensera pas à d’autres bi***. »
Il nous disait qu’il roulait bourré, et lorsqu’une fois il s’est fait arrêter par la police, il leur disait : « Je ne suis pas Brad Pitt, avec ma tête, je suis obligé de boire pour pouvoir choper. »
On a vu des choses…
On a aussi passé la soirée du fameux 21 décembre 2012 là-bas, on a bien cru que la fin du monde aurait lieu.
Ce soir-là, on essayait tant bien que mal de jouer aux fléchettes, mais la population du bar n’était pas dans son état normal. L’alcool avait certainement coulé à flot, enfin plus que d’habitude.
C’est là qu’une cougar, non pas celle qui donne envie (enfin si, envie de se barrer) voulait nous empêcher de jouer, et pour cela elle nous a pris une fléchette…
Et là, c’est le drame ! Elle l’a mis dans la poche arrière de son pantalon et nous regarda d’un air coquin et nous demanda de venir la chercher…
Puis elle continuait à rester devant la cible. J’avoue que cette scène nous avait un peu coupé l’envie de jouer. Mais, il y en a un dans l’équipe que ça énervait, il fallait que la compétition continue.
Il a donc décidé de tirer, peu importe les obstacles, en direction de la cible.
Je tiens à vous préciser que personne n’a été blessé pendant ce fait de jeu. Le plus important, c’est qu’il a réussi à marquer des points, la fléchette frôlant la tête de la femme. Vu son état, je ne suis pas sur qu’elle a compris ce qu’il se passait.
Il y a aussi cette fois où nous sommes arrivés un soir où il y avait une “soirée” dans le bar. On est entré puis on a vite compris qu’on était tombé dans un traquenard. La population féminine, d’un âge plutôt avancé, était déjà très bien alcoolisée, et la vue de jeunes hommes ne les laissait pas indifférentes. Heureusement, on a réussi à sortir sans se faire « attraper », même si des mains au cul avaient été tentées de leur part. Je ne me rappelle plus si elles ont réussi ou je ne veux plus m’en rappeler.
L’histoire de ce bar s’est terminé comme ça devait se terminer. Le mariage prévu entre Monique et Roger n’a pas pu avoir lieu.
La raison ? Je n’ose les dire, mais là n’est pas l’essentiel.