Les geishas appartiennent au karyukai : le monde des fleurs et des saules. Elles divertissent et distraient les clients par le chant, la musique, la danse et leurs conversations. A Kyoto, ville de plaisir de contemplation et de méditation, on utilise le terme geiko pour dire geisha. Avant d’être geisha, les jeunes filles doivent passer par un apprentissage long et difficile, une formation d’une rigueur implacable. Les apprenties sont appelées : shikomi-san et/ou minarai-san (directement), maiko et enfin geiko.
Pour pouvoir accéder à cette perfection, l’artiste doit posséder la grâce, la souplesse et la force d’un saule. Les jeunes filles, qui choisissent cette vie savent qu’elles ne peuvent et se marier et conserver cette activité. Même si ces femmes ont un danna (protecteur), elles restent célibataires aux yeux de la loi.
Quand il y a une naissance, l’enfant est illégitime et si c’est un garçon, en général, il vit dans une école éloignée pour éviter tout problème de rivalité avec les clients. Il arrive que le danna soit célibataire et qu’il épouse la geiko mais pour cela, il doit rembourser toutes les dettes de la geiko, à l’okiya, si elle n’ a pas fini ses années de service. Ce qui est très contraignant pour un jeune célibataire.
Petit secret : Les tayu sont semblables aux geishas dans le domaine de l’art, la coiffure, le divertissement et la culture. Les différences se trouvent au niveau du maquillage et de la coiffure qui sont plus colorés que ceux des geiko et leurs dents sont teintées en noir. Elles pratiquent le kokyo (violon japonais), le sogoruko (jeu de dès japonais), de l’ichigenkin (instrument à corde unique) ou encore le tosenkyo (lancer d’éventail). Aujourd’hui, on ne les voit que dans les musées ; elles exposent leurs spectacles pour divertir les touristes. Il ne reste que six tayu à Shimabara, aujourd’hui.
Histoire des hanamachi et leurs blasons :
Aujourd’hui, Kyoto possède six hanamachi (quartiers des villes japonaises consacrés aux arts du divertissement et au plisir esthétique où vivent et travaillent les geiko) : Gion-kobu, Gion-higashi, Ponto-cho, Kamishichiken, Miyagawa-cho et Shimabara. Ce dernier était le plus vieux quartier des plaisirs au Japon mais étant trop éloigné du centre ville, il fut abandonné par les clients. Les cinq autres hanamachi arborent leur blason de leur okiya sur les lanternes en papier, les tentures et les rideaux ainsi que les ornements utilisés lors des fêtes et cérémonies.
Historique :
Les ochaya (maisons de thé où se tiennent les banquets) de gion descendent des mizu-jaya (tavernes) qui existaient au cours du XVIe siècle. A l’époque, on y servait du thé aux visiteurs puis au début de l’Ere Edo (1600-1868), des changements ont eu lieu : du saké et des en-cas remplacèrent le thé puis des pièces supplémentaires furent aménagées afin que les visiteurs puissent y passer la nuit. Vers la fin du XVIIIe siècle, des mesures furent mises en place pour éradiquer la prostitution qui pullulait.
Au début du XXe siècle, il arrivait que des parents ne puissent subvenir aux besoins de leurs enfants, et il était courant que les petites filles soient vendues vers l’âge de 8 ans, comme Kinu Yamaguchi, pour intégrer la formation de geisha. Elle devait rembourser l’okasan (patronne/”mère”) pendant plusieurs années car une grosse partie des frais était avancée par cette dernière. L’okasan devenait la mère adoptive de l’enfant.
En moyenne, il fallait une quinzaine d’années à une geisha pour rembourser tous les frais qui étaient exagérément gonflés par la tenancière. Aujourd’hui, l’okasan apprend aux jeunes filles à bien se tenir, finance les kimonos et conseille les jeunes filles sur le choix adéquat des tenues en fonction des événements, les accessoires, les cours, organise les événements et leur fournit de l’argent de poche. De plus, les geishas exercent cette profession par choix et commencent entre 15 et 18 ans en moyenne.
Formation :
Pour devenir maiko, la jeune fille doit être recommandée pour pour être recrutée dans une okiya (pension) ou une ochaya sinon elle devra contacter l’association des okiya pour se faire remarquer. Elle rentre dans l’établissement comme shikomi-san : c’est une domestique. Elle doit se lever tôt pour aller à l’école, faire ses corvées à l’ochaya et réviser ses cours.
Comme la coutume le veut au Japon, tout le monde prend un bain avant d’aller se coucher, mais la jeune shikomi-san ne peut se laver seulement après que ses sœurs aînées aient pris leur bain. Vers trois heures du matin en moyenne. Si la jeune fille réussit ce stage, elle devient alors minarai-san. Dans certains hanamachi, la nouvelle entre directement comme minarai-san.
Petit secret : Dans les hanamachi, les shikomi-san et les maiko doivent apprendre le dialecte de Kyoto, le kyu-kotobo. Il a les particularités d’être doux et feutré, ce qui contribue à la féminité des jeunes apprenties.
La jeune minarai-san, qui signifie “apprendre par observation”, adopte le shironuri (maquillage blanc) et porte le ohikizuri (kimono à traîne, aux manches longues et amples ainsi que le obi (ceinture enroulée autour de la taille dont un large pan retombe librement). Elle doit apprendre à avoir un bon maintien, tenir sa traîne, assiste aux banquets et apprend à y faire la révérence , à converser avec les clients et les divertissements. Cette formation ne dure que quelques mois.
Le san-san-kudo est une cérémonie permettant aux apprenties de devenir maiko. Les jeunes filles reçoivent un nouveau nom qui comprend le caractère de leur sœur aînée. La nouvelle maiko est liée à la geiko. Cette dernière est une référence et a un rôle d’éducatrice. Elle est l’intermédiaire entre son élève et les professeurs et elle l’accompagne pour ses premiers banquets. L’onesan est un mentor pour la jeune maiko.
La jeune maiko doit apprendre en observant ses sœurs aînées. La journée, elle fréquente une école spéciale pour apprendre la danse, la musique la cérémonie du thé. Retour à l’okiya pour effectuer les tâches ménagères. Une maiko apprend à plier le kimono et plie ceux de ses sœurs aînées et doit être capable de tenir assise sur les genoux pendant plusieurs heures notamment pour de la cérémonie du thé et pour les leçons de musique.
Petit secret : Il est obligatoire pour une maiko d’être appréciée par les onesan et okasan afin qu’elles s’occupent de sa future carrière et qu’elles lui présentent ses clients. Sinon, malgré tous ses talents, elle ne deviendra jamais geiko.
Journée d’une maiko et d’une geiko : Elle se lèvent tôt pour aller à l’école. De 11h à 13h, elle fréquentent une école spéciale pour s’initier à la danse, à la musique et à la cérémonie du thé. après les cours, retour à l’okiya pour effectuer les tâches ménagères.
Vers 16h, elles commencent à se maquiller et à s’habiller pour aller à l’ozashiki (banquet) qui débute entre 17h30 et 18h. Elles ont un emploi du temps très chargé et n’ont que 2 jours de repos par mois.
La geiko annonce la fin de sa carrière avec la cérémonie du hiki-wai. Elle remercie toutes les personnes qui l’ont aidée dans sa carrière en offrant des boîtes de riz à ses professeurs, okasan et onesan. Si le riz est blanc et cuit à la vapeur, cela signifie que la geiko ne reviendra jamais mais si le riz est agrémenté de haricots rouges, un retour éventuel peut avoir lieu.