Derrière ces noms qui semblent un peu barbares se cachent deux “trophées” plus à valeur symbolique qu’ayant une réelle importance dans le palmarès des équipes de football pouvant les détenir. Voici leur histoire.
Les capitaines à l’honneur
Commençons par le plus ancien des deux. Il a été créé au sortir de la première Coupe du Monde de Football, organisée en 1930 en Uruguay. Elle était l’initiative du président de l’époque de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association), le français Jules Rimet. Il souhaitait créer une nouvelle compétition, accessible à tous, contrairement aux Jeux Olympiques réservés aux athlètes professionnels.
L’Uruguay est à cette époque choisi comme pays hôte afin de fêter le centenaire de l’indépendance du pays. Toutes les équipes déjà affiliées à la FIFA ont été invitées à se joindre à la fête. Mais il n’y aura finalement que treize participants, dont moins d’un tiers d’équipes européennes (France, Yougoslavie, Belgique et Roumanie), les autres provenant du continent américain.
L’équipe uruguayenne, déjà forte de trois titres sur le continent sud-américain (1923,1924 et 1926) et de deux titres olympiques (1924 et 1928) s’impose facilement à domicile. Après avoir terminé la phase de poule sans buts encaissés, ils disposent aisément de la Yougoslavie 6-1 en demi-finale avant de battre facilement 4-2 l’Argentine. Et c’est le capitaine, José Nasazzi, qui reçu le trophée Jules Rimet pour la première fois.
Le bâton de Nasazzi est né après cette compétition, avec un principe simple : tant que l’Uruguay ne perd pas de matches dans le temps réglementaire, l’équipe conserve le bâton. Elle ne le conservera finalement qu’une grosse année, s’inclinant dès le 6 Septembre 1931 face à une autre équipe sud-américaine, le Brésil, lors de la Copa Rio Branco.
Le même principe s’impose pour le bâton de Bourbotte, qui a été inspiré par le nom de François Bourbotte, capitaine du LOSC, vainqueur du premier Championnat de France de l’après-guerre en 1946. Il concerne cette fois-ci les clubs de Première Division du championnat français. Il comporte de ce fait une exception (non applicable aux sélections nationales) : le trophée ne peut pas descendre en division inférieure. Si un club le détenant est relégué, il est alors restitué au précédent détenteur. Cela est arrivé sept fois dans l’histoire du bâton.
Un palmarès plutôt loufoque
Grâce à la sublime incertitude du sport, qui fait qu’une très grosse équipe n’est jamais à l’abri d’un écart, les deux bâtons ont beaucoup voyagé, et souvent dans des clubs/pays qui n’ont aucun palmarès officiel.
Dans le cadre du bâton de Nasazzi, le site officiel annonce 53 pays détenteurs au moins une fois du bâton : l’Australie est le seul pays d’Océanie a l’avoir détenu. L’Asie (Japon/Corée du Sud) et l’Afrique (Angola/Nigéria/Zimbabwe) ont un bilan famélique, au contraire de l’Europe et de ses 33 détenteurs au cours du temps. Certains pays ont subi la géopolitique du monde et ne sont plus d’actualité, tels que l’Union Soviétique, la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie qui se sont disloqués, ou la RFA et la RDA qui se sont unifiés. Il est également à noter que les dix équipes du CONMEBOL, la confédération sud-américaine de football, ont déjà détenu au moins une fois le bâton.
Attention, le site annonce que c’est toujours le Costa Rica qui est le détenteur, et ce depuis une victoire 2-0 contre la Colombie lors du dernier match de phase de poules de la Copa America en Juin 2016. Cela ferait plus de 500 jours ! Mais c’est une erreur car le site n’est plus à jour… contrairement à la page wikipedia qui, elle, reste à jour. Et c’est la Finlande qui tient le bâton depuis le 2 Septembre et une victoire 1-0 en éliminatoires de la Coupe du Monde 2018 en Islande.
Dans le cadre du bâton de Bourbotte, les statistiques actuelles font état de 52 détenteurs différents en 71 ans d’existence. Il y a eu 882 changements, soit près de 12.5 changements de main par saison ! L’Olympique de Marseille, actuel détenteur, est l’équipe qui l’a récupéré le plus de fois au dépend de ses adversaires (47 fois). Il est actuellement le cinquième club avec le plus de possession, loin derrière le FC Nantes (155 contre 188, soit l’équivalent approximatif d’une saison d’écart). Son éternel Rival, le Paris Saint-Germain, détient quant à lui la meilleure possession moyenne, avoisinant les 6 matches, et a réalisé quatre des dix plus longues séries de l’histoire. Enfin, les clubs d’Angoulême Charente FC et du Pays d’Aix FC sont les seuls à n’avoir détenu le bâton qu’une seule journée.
Bonus
Pour terminer en beauté, un autre auteur m’a donné un lien vers le site de l’UFWC (Unofficial Football World Championships). Le principe du bâton de Nasazzi est cette fois-ci appliqué depuis le tout premier match officiel de sélections nationales, entre l’Ecosse et l’Angleterre, le 30 Novembre 1872 !! Il est un peu modifié pour prendre en compte le résultat final après temps réglementaire (prolongations, tirs aux buts).
Le Pérou, actuel détenteur, vient de remporter sa double confrontation contre la Nouvelle-Zélande (0-0 à Lima, 2-0 à Wellington) et conserve donc son titre jusqu’à son prochain match, pendant la prochaine trêve internationale de Mars !
(Article mis à jour le 15 Novembre 2017)