Issu de « Prostré », recueil de mon ancien blog, revu et corrigé. Je diffuserais un extrait par mois jusqu’en décembre. Tous les 9 du mois, à 22h22. Ceci est une annexe qui était resté dans un carnet.
Samedi 5 mars 2011
Journal de bord d’un type niqué et pas si niqué que ça. L’inspiration m’a racheté une dose de destruction. A moins que ça ne soit l’inverse. Tout est réciproque, tout est paradoxal. Un sandwich avalé en speed, un reste de sandwich laissé sur une poubelle pour qu’un pauvre errant puisse se nourrir. Les problèmes matériels n’existent plus chez moi. Les odeurs de sueur, de pisse, de chatte mal lavée, de parfum bon marché, je connais par cœur. Illusion d’une foule menée à la baguette par la grande famille industrielle de la consommation. Je mange donc je suis.
Cette image est extensible. “Je mange”, il s’agit plus d’une énième sorte de consommation, de squattage de mentalité, d’achat d’espace de cerveau. Une magnifique manipulation des peuples civilisés. Tout ça pour vous dire : nous avons tous suivi des codes depuis tout jeune.
Se détruire pour vivre. A tout niveau. Se détruire la santé et se détruire par l’introspection. Génération extrême, sexe, drogue, alcool, violence. Décidément, nous sommes tous en chute libre vers notre mort. Sujet qui fait flipper tout le monde car c’est l’un des paramètres que nous ne pouvons contrôler.
Pour beaucoup (trop?), il y a une vie après la mort. Pour moi, le cerveau s’éteint. Un shutdown définitif. Mais imaginons que tout le monde se mette à penser comme cela : soit l’on vivrait dans une paix universelle, soit ça serait l’inverse. Monde contemporain, pourquoi es-tu si complexe à appréhender ?
Des odeurs familières, des habitudes, la routine, du café pour se tenir éveillé, nicotine, caféine, taurine, toxine, déprime…
Se détacher de toute cette merde est la plus difficile des tâches. Un peu comme se détacher des autres est impossible.
Ce sont les autres qui font ce que vous êtes et pas forcément ce que l’on voudrait être. Je suis satisfait, je régule correctement mon image en cultivant mon omniprésence. Être là où il faut être, se montrer, être cru ou ne pas l’être. Je sème une image paradoxale et j’apprécie grandement. Seuls les vrais savent que ma complexité est supérieure à tout cela.
Mon train est éternellement en train de rouler. C’est un T.G.V., rares sont les arrêts, donc difficile d’y monter en cours de trajet.
Tiens, j’ai vu mon ex tout à l’heure. Point. Je trace, me suivre est débile. Il y a des « élus » qui peuvent se le permettre mais ils me connaissent. Ils m’accompagnent réellement et ne se contentent pas de tenter de le faire.
Un flot de maux et de mots. Parlez de moi en mal ou en bien mais parlez de moi. J’ai vu le monde s’effondrer. J’ai vu des mondes s’effondrer. Des éducations foireuses, des gens en mal du passé, des tyrans démocrates et du libéralisme faussé. Mon Bic m’accompagne. Noircir les pages reste mon plaisir, cela m’aide à déposer mes traumatismes. Ne pas trop faire de morale mais simplement constater. Si je ne sais plus où je vais, ce n’est pas important. Vivre dans le passé, c’est mourir au présent. Vivre au présent, c’est mourir dans le passé. Pour avancer, la deuxième solution me paraît bien mais fusionner au mieux les deux me paraît être mieux.
Le paysage file, à l’instar de ma vie. Pour ne pas me paumer, je laisse passer le doute et clos ce chapitre, ce verset, de morceau de moi-même.