J’ai appris à te connaître il y a 18 ans, toi le sport le plus médiatique au monde. En ce mois de Juillet de 1998, je commence à suivre ce qui deviendra par la suite une passion qui m’anime et me dévore encore et toujours.
Jeune garçon peu intéressé par le sport, je ne suis qu’un dernier choix dans mon club de basket, où il n’y a pourtant pas pléthore de joueurs à l’entrainement, et encore moins disponibles pour les matches. Le ballon était déjà rond, mais pas de la bonne couleur. Je t’ai donc suivi d’un œil très distrait quand la grand messe de la Coupe du Monde a commencé début Juin. Difficile de comprendre au début le format (8 groupes de 4, 3 matches par groupe, puis une phase à élimination directe de 4 matches), mais on s’y fait assez vite. Difficile également de suivre tous les matches, mes parents étant complètement imperméables à tes charmes, seules quelques images furtives s’offraient à mon regard au moment du journal.
Début du mois de Juillet, nous étions partis en camp de vacances en famille du côté de Grenoble. A priori éloignés de ton impact, il a fallu que l’équipe de France se qualifie facilement dans son groupe, 3 victoires en 3 matches, et élimine le Paraguay pour la première fois via le but en or. Le quart de finale contre le voisin (et ennemi juré) transalpin aurait pu être diffusé, mais ayant été disputé en pleine journée, les activités du camp ont pris le pas.
Mais pour la demi-finale, le match étant le soir, la moitié du camp s’était réuni dans la salle d’activité pour voir le match sur une petite télévision. Le public, exclusivement masculin, dont quelques spécialistes (comparé au néophyte que j’étais) voyait encore une fois les portes de la finale se fermer suite à l’ouverture du score croate, puis s’est pris à rêver après le doublé de Lilian Thuram (ses deux seuls buts en Equipe de France!). Ça y est, la France est en finale de SA Coupe du Monde !
La finale sera le dernier rouage de ce début d’histoire commune : un doublé de Zidane et un but en contre attaque dans les arrêts de jeu offrent le Saint Graal a une équipe peu convaincante quelques semaines plus tôt, et qui s’impose contre la meilleure nation ! Partout la foule est en liesse, même dans la salle où le match était retransmis cette fois sur écran géant. Un torrent d’émotions se diffuse dans la salle : joie, bonheur, fierté de l’équipe, d’une nation. Tout le monde chante, danse, crie, se congratule et s’embrasse. Voir tous les gens dans un espèce d’état second m’a fait chavirer, et c’est donc ce soir du 12 Juillet 1998 que nos chemins se sont unis.
Depuis 18 ans maintenant, tu partages mon quotidien. Un peu trop au goût de ma copine, mais pour moi ce n’est jamais assez. Chaque match n’est pas identique. L’heure, le lieu, le contexte, les joueurs, le climat, tous ces éléments font que chaque partie est unique, et s’ajoute à un livre qui se complète sans cesse. Les émotions véhiculées sont tellement fortes qu’il est impensable pour moi de ne pas vouloir passer au moins 18 nouvelles années à te découvrir, à te voir te réinventer.
L’argent est un fléau qui commence à te gangrener, ne te laisse pas avoir et reste toi-même. Reste au plus proche de celui qui m’a fait craquer il y a 20 ans : attractif, rassembleur, élégant.