Issu de “Prostré”, recueil de mon ancien blog, revu et corrigé. Je diffuserais un extrait par mois jusqu’en décembre. Tous les 19 du mois, à 22h22.
Dimanche 17 juillet 2011
“Arrête de faire ton Dark” me disait une nana pendant que j’étais en train de bader dans une boîte de nuit où la moyenne d’âge avoisinait les 18 ans.
“Je ne fais pas mon Dark, je suis Dark“.
Oui, c’est vrai, je suis sombre. Encore plus lorsque je rentre dans un délire club et que j’observe, j’ai l’impression que tout le monde va se noyer dans une marre de flammes. Ecouter du Claude François en matant des jeunes à mèches qui se trémoussent sur une piste de danse, c’est avoir 49 ans de retard.
Alors à ce moment-là, je me paume dans mes pensées, doutant sur ma personne et ma place. Je doute toujours — parce que je suis un être humain. C’est mon plus gros défaut, je suis humain. J’aimerais arrêter de me prendre la tête parfois, mais mes pensées sont tellement lourdes à porter qu’elles ont un effet de boulet attaché à mon pied. Quand je plonge dans un océan de vices avec ce boulet à ma cheville, j’atteins très vite le fond et il m’est impossible de m’en sortir facilement.
Paumé dans les spots et stroboscopes, la survie de l’espèce humaine me parait inutile et les mœurs m’ont vraiment changé. Les lumières de la ville m’ont pourri le cervelet, je suis devenu un diablotin difficile à sauver. Le monde pourra perdurer dans les ombres de la décadence, nous fonçons vers les problèmes en les esquivant par la futilité. Je suis le regard extérieur à l’intérieur de votre propre merde.
Je suis une âme tourmentée à l’observation nette. J’ai l’œil vif et l’analyse juste. Le monde tombe en décadence. Je l’ai compris puisque je fais partie de ces gens qui cultivent la chute. Cette semaine, j’ai enchaîné les soirées et les verres d’alcool un peu partout. Et quand on fait des combos bar/club, on comprends bien que le monde part en vrille.
Je suis à la fois la violence et la tourmente. Une image de notre société. Enfin et surtout, le côté malsain. C’est impressionnant de voir que l’alcool coule à flot, que les gens se cassent la gueule (au sens propre mais aussi au sens figuré), que le monde marche sur la tête. La moitié s’en tape, l’autre moitié est chiante, ennuyante. Moi j’aime me niquer, cela me permet de voir de mes propres yeux ce que je suis réellement : rien. D’ailleurs, ça pourrait être bien que d’autres se mettent ça en tête. Vous n’êtes rien.
L’Enfer n’existe pas après la mort, il est ici. Des orgies à foison, des types dans le flou, les flammes invisibles nous ont tous brûlés.
Rien ne pourra nous arrêter à part nous-même.