Quand j’étais plus jeune, mes parents ne m’ont jamais forcé à trouver un job avant mes 18 ans et m’ont juste suggéré que si je voulais un peu d’argent, avant d’aller à la fac, ça serait pas mal de travailler en tant que saisonnier l’été.
Je me suis jamais vraiment pris la tête là-dessus, ils avaient raison : c’est une bonne expérience. Hélas, emploi saisonnier signifie trop souvent : soit faire des activités estivales chiantes mais d’utilité publique (garderie, etc.), soit faire la merde des autres (partis en vacances donc à remplacer) en étant payé au ras des pâquerettes. Cependant, c’est formateur et cela m’a poussé à continuer mes études jusqu’au BAC+5. Me dire que des personnes pouvaient exercer ce genre de métier à l’année m’a boosté au plus haut point.
Garde-Barrière
À l’époque, sur Dunkerque, des emplois saisonniers étaient à pouvoir pour les jeunes de moins de 25 ans. Un dossier à la mairie, une validation et hop.
Je vous le certifie, c’est un travail, vraiment. Mon job consistait à ouvrir ou fermer une barrière de la digue de mer de Malo-les-bains. Les horaires étaient assez agréables (7h-14h). Cela me permettait d’être tranquille dans le bus le matin et de profiter de mes après-midi.
En réalité, c’était un parfait taffe de branleur : seuls les livreurs de la digue n’avaient pas de passe pour ouvrir la barrière et officiaient de 8h à 10h. Les riverains avaient leur bip, donc je n’avais pas grand chose à faire. La plupart du temps, j’écoutais du rap sur mon discman, lisait des magazines et envoyait chier les mongols désirant faire les malins en roulant sur la digue (Vu que c’était interdit). Tout ça posé sur une chaise au soleil.
Si j’étais pénard en général, j’ai rencontré quelques connards. J’avais un talkie-walkie pour prévenir la police municipale en cas de problème. Cela a du arriver quelques fois. Le pire souvenir, ce fut le passage en force d’un motard débile, qui a forcé le passage et bien failli me rentrer dedans. Mais dans l’ensemble, c’était bien payé pour l’effort demandé.
Éboueur / Jardinier
Toujours dans le cadre de l’emploi saisonnier via la mairie, j’ai pu travailler dans les espaces verts publics et également comme éboueur.
Pas de gros souvenir pour le job de “jardinier” (si on veut), sauf qu’on se partageait deux pelles et un rateau pour sept personnes sur le terrain. Ce qui a réduit nettement la productivité lors d’un déblaiement d’une fontaine municipale. J’ai passé plus de temps le cul posé sur un banc ou dans la camionnette à mater des culs de gonzesses ou à ne rien foutre, qu’à bosser. Donc un peu chiant.
Par contre, éboueur, c’était cool. Ce n’est carrément pas une carrière envisageable sur du long terme. Mais en été, sur du saisonnier, avec des mecs cool, j’en ai gardé un bon souvenir. Déjà, parce que monter à l’arrière d’un camion-benne en action, c’est toujours marrant. Tous les gamins ont voulu un jour le faire. Et ensuite, parce qu’une fois de plus, le camion se tapait toute la digue de mer. À 7h du matin, c’est juste un plaisir quand il fait beau. Puis, honnêtement, je n’ai jamais eu à porter de poubelles très lourdes, juste celles accrochées aux poteaux. Dans l’ensemble, la tournée était pliée en 3h/3h30 et le reste du temps, on se baladait pour trouver des poubelles à droite et à gauche.
Inventoriste
Pour avoir un peu de tune en cours d’année ou dans les moments de creux, j’ai effectué un nombre impressionnant d’inventaires.
En fonction du magasin, la tâche est plus ou moins casse-couille; mon souvenir le plus désagréable fût d’inventorier des clous à l’unité dans un magasin de bricolage. Vous imaginez un peu la scène ? Vraiment, de la merde. Je comprends pourquoi une bonne partie y allaient avec des pieds de plomb.
L’avantage, c’est que c’était plutôt bien payé. Si on faisait bien le taffe, il y avait moyen de faire quelques minutes voire heures supplémentaires pour gagner un peu plus. Et le bonus, c’était de pouvoir rencontrer une nénette sympa dans le rayon sur lequel on était placé. Cela m’est arrivé plusieurs fois et c’était toujours agréable. Bon, de là à choper un numéro, faut pas rêver non plus : t’es en train d’inventorier des paquets de riz, ça n’est pas tout à fait l’endroit adéquat.
Employé de mise en rayon (supermarché)
C’est un job que j’ai pu “obtenir” suite à un inventaire réussi. Mais également avec l’aide un piston, vu que j’avais un contrat signé dans ce magasin mais qui démarrait quinze jours plus tard. Avec le recul, je me dis que se faire pistonner pour un emploi saisonnier mal rémunéré, c’est tout de même dingue…
Mon job, ici, était de foutre des chaussures en rayon dans un supermarché. Bon, rien de bien compliqué. Le seul élément perturbant est de se taper l’odeur du cuir bon marché à longueur de journée. J’ai pu ainsi comprendre pourquoi les rayons ne désemplissent pas dans les supermarchés.
J’ai également constaté que les vieux en retraite aiment attendre à 7h30 l’ouverture du magasin (à 8h), des fois que les yaourts seraient en promotion.
Pousseur de poubelle (supermarché)
Je ne sais plus ce qu’il y avait noté à “fonction” sur ma fiche de paie mais les faits sont là : j’ai passé plus d’un mois à pousser des poubelles énormes et blindées et à remplir des conteneurs de détritus.
Mes amis étaient les chats (qui chassaient les souris et les rats). Je leurs donnais des restes de viande “avariée” (comprendre “hors date limite de consommation”). J’étais isolé la plupart du temps, attendant que les chefs de rayon envoient leurs poubelles vers moi pour les balancer dans le conteneur (via une sorte de machine qui faisait baller la poubelle dans le conteneur). Ma vie était passionnante. Vraiment, c’était mon expérience la plus nulle à chier. Outre l’odeur nauséabondes des poubelles pendant 8h de long, à l’époque, je me nourrissais de salade Saupiquet et de raviolis (pause de 30 minutes max) et je faisais la route en vélo. En tout logique, à la fin de l’été, j’avais perdu 4 kilos sur le mois. Je ne pesais plus que 52 ou 53 kilos (à 20 ans). J’étais content d’en finir avec cette merde, c’était le job le plus nul de ma liste.