Je ne sais pas si c’est pareil chez vous, mais étant jeune, j’ai souvent entendu des gens chez qui nous étions invités dire “À la prochaine. Vous pouvez passer à l’improviste quand vous voulez”.
C’était plutôt courant comme phrase, mais finalement, je n’ai pas souvent eu l’occasion de passer à l’improviste chez les connaissances de mes parents. Et pour cause : mes parents considéraient ça comme une intrusion. Il faut savoir laisser les gens tranquilles et ne pas les déranger. Personne n’est au service de personne, même s’il s’agit de pote ou de famille.
Et je suis totalement d’accord avec eux. Personnellement, je trouve ces visites impromptues synonymes de beauferies et surtout, de vies pas très remplies et très casanières. Personnellement, en 2016, voilà comment je vois les gens qui sonnent à l’improviste chez vous.
Cette manière de vivre, du vivre-ensemble même, est obsolète. Il est symbolique des anciens, qui devaient avoir des vies différentes des nôtres. Pas moins intéressantes mais différentes. Une époque où les gens se levaient tôt le dimanche matin pour aller à la messe en famille et pour faire un repas après.
Puis boire le café à 16h, avec des petits gâteaux. Avec encore plus de famille. Je peux le dire, je m’en souviens, cela se passait chez mon arrière-grand mère : toute la famille allait boire un pot’che café1 (ou de l’orangeade) avec des gaufres (parfois douteuses). Et tout cela de manière (assez) rituelle.
D’une façon identique, j’ai toujours été chez mes grand-parents le samedi après-midi, une bonne partie de ma jeunesse, sans grande exception. Pourquoi ? Parce que c’était prévu, c’était comme ça. Et j’ai dû passer chez eux de manière impromptue plusieurs fois dans ma vie. Parce que mes grand-parents s’ennuyaient en retraite. Et cela se voyait. Mais je peux parier que ce n’était pas le cas quand ils étaient plus jeunes.
Ma vie ne ressemble pas vraiment à cela, je suis trop occupé à faire plein de trucs, et les vôtres sont probablement ainsi également. Le dimanche matin, je dors, je bois du café, je ne me lave pas si j’ai la flemme et avant, je cuvais de la veille régulièrement et traînais en jogging jusqu’au soir, parce que franchement, demain, c’est lundi quand même. Quand j’ai du temps à tuer, je trouve toujours une activité à faire : écrire un article, surfer et lire sur le net, lire un livre ou une bd, jouer à un jeu, coder un truc ou un autre, prévoir ce que je vais faire plus tard. Hors de question d’être dérangé si je n’en ai pas envie, même si c’est par le mec le plus gentil de la planète. Plus tard, plus tard.
Je suis du genre à avoir un calendrier plein et il m’est difficile de proposer à quelqu’un de passer de manière impromptue le week-end. Je ne sais pas si d’autres activités vont être prévues ou alors si j’aurais envie de faire une journée de procrastination devant la Playstation. C’est mieux de planifier une date pour être certain de se capter, de s’organiser. Je pense que beaucoup de personne fonctionne comme cela. Peut-être parce que les générations sont différentes, et parce que les modes de vie ont évolué.
“Je suis passé près de chez toi dimanche, j’ai sonné, il n’y avait personne”. Déjà, ce genre de phrasé est rare. Et de plus, si quelqu’un passe à l’improviste un jour et me le reproche, je lui dirais qu’il est un peu con et qu’il aurait dû me passer un coup de fil, m’envoyer un mail ou un sms, planifier un événement sur mon gcal/g+ ou autre (même Twitter, tiens).
De toute façon, je pense que cette pratique est révolue, je ne connais pas un seul de mes amis qui fonctionne comme cela avec moi.