Depuis que je suis adulte, je suis un foutu hypocondriaque. Mais c’est par cycle et c’est chiant, très chiant. Pourtant, je vis avec.
Je n’ai jamais vraiment eu d’aisance avec les milieux hospitaliers, jamais. C’est dû à l’aseptisation de ces lieux qui me font flipper, ça me fout une sorte de paranoïa dans le crâne, tellement malsaine. Et pourtant, quand j’étais petit, j’étais souvent malade. Il y a même une fois où je ne voulais plus m’alimenter et on a fini par me mettre à l’hosto. Seuls mes parents s’en souviennent. Ceci m’a probablement marqué inconsciemment. Peut-être.
Mais depuis que je suis un adulte, j’ai du mal avec les milieux hospitaliers. Certes, on doit tous y passer pour diverses raisons. Alors je me pousse au cul. C’est à ce moment-là que mon imaginaire me ruine totalement l’esprit et j’imagine tout de suite que je vais me choper un truc, une maladie nosocomiale, blablah, c’est logique, obligé… et c’est putain de fatiguant. Même en faisant fi de la situation.
Quand je dois passer des examens médicaux, dans le cas de rendez-vous (par exemple, chez le spécialiste), dès le moment où la date est fixée, c’est la montée en pression instantanée et exponentielle. Les pensées du genre “J’espère qu’on va pas me trouver telle maladie” s’immiscent dans mon cerveau et me font paniquer. Comme je suis un type qui intériorise facilement et qui ne veut surtout pas ennuyer les gens avec ça – légitime, n’est-ce pas ? -, je n’en parle pas, ou rarement. De toute façon, ce n’est pas comme si j’avais l’habitude. Par contre, c’est la bouffée d’air frais, la renaissance intégrale quand on m’annonce que tout va bien. Ou que c’est bénin.
C’est pour cela que je ne supporte pas d’attendre dans les salles d’attente. Cela rallonge le temps et mon imaginaire s’active automatiquement. Là, c’est le film, la palette des possibilités infinies et la transpiration assurée.
Quand j’ai une douleur à un endroit, je pense tout de suite à ce que cela peut être, du truc le plus bénin au pire. C’est extrêmement dérangeant et stressant. Parfois, j’arrive à passer au dessus, et parfois, non. En fait, tout dépend de mon état d’esprit du moment, de la pression que j’ai sur les épaules, des projets que je mène.
Je ne sais pas pourquoi je réfléchis ainsi. L’hypocondrie n’est pas censée être héréditaire mais j’en doute. J’ai un parrain qui l’est, j’ai ma mère qui l’est et j’imagine que je répète les schémas que j’ai vu plus jeune. Pourtant, je suis un mec qui a tendance à tout pouvoir et vouloir dédramatiser. C’est pour cela que j’arrive à en déconner avec mes amis.
Le moindre mal à la poitrine ? C’est un problème de poumon ou de cœur ? Mal au bras gauche ? L’infarctus ? Mal au crâne persistant ? Une tumeur ? C’est con et cela doit vous sembler étrange.
C’est une plaie, c’est difficile à réorienter comme idée, malgré les efforts pour relativiser, vu que ça persiste, je bloque totalement. Ce n’est pas que cela me fait tout à fait peur, c’est que cela m’angoisse.