C’est une question que je me suis posée et la réponse pourrait être drôlement hypocrite.
Je me suis pas assez vieux pour avoir connu les vrais produits sains. Vous savez, les fruits et légumes cultivés dans son jardin, dans son potager. Il y a quelques décennies, tout le monde le faisait (ou presque), l’époque devait être dure mais la nourriture était certainement plus saine que les merdes qu’on peut se taper de nos jours. Vous avez sûrement entendu ce genre de récits provenant de nos aïeux. Les petits commerces commençaient à disparaître et la révolution de l’agro-alimentaire allait tout raser sur son passage, le supermarché existait à peine mais allait devenir roi.
Enfin, j’étais pas assez vieux, c’est faux, j’ai bien mangé des produits issus du potager de mon grand-père mais puis-je comparer les légumes cultivés avec amour d’aujourd’hui avec ceux du siècle dernier, par exemple ? Certainement pas.
Pourquoi ? Parce que l’air et la terre sont polluées en 2016. A partir de là, si la base est foutue, que voulez-vous trouver de sain, sincèrement ? Ah oui, vous pouvez toujours acheter Bio, ce label qui dit qu’il y a des jolies normes pour cultiver et élever et c’est mieux que le reste; enfin, si vous n’êtes pas un paranoïaque comme moi, qui pense que la moitié des produits bio en supermarché ne sont bio que sur l’étiquette et que c’est un pur concept marketing, créé pour faire plaisir à la ménagère qui a oublié qu’on respirait des particules fines et des pesticides à longueur d’année. Pour moi, le moins pire, c’est de se ravitailler directement chez le producteur local.
Soyons réaliste : qui a le temps de le faire tous les jours, quand on taffe de 9h à 18h et que l’on habite en ville ? Notre mode de vie, délétère, nous oblige à aller vite, nous avons le temps de rien, hormis de faire nos courses à l’hyper. Et de profiter de certains loisirs. Enfin, c’est parce qu’on ne prend pas le temps d’avoir le temps. Bien sûr, des génies du marketing en ont profité et ont recyclé ce mode de fonctionnement local pour le bien des consommateurs (et de leurs capitaux). C’est pratique, certes, mais cela profite toujours aux mêmes, finalement. Je ne vais pas jouer l’hypocrite, j’en suis client.
Toujours est-il que l’hyper-productivité doit nourrir la planète, elle va continuer à le faire. L’économie doit tourner. N’est-ce pas très COP21 ?
A un moment, on s’est rendu compte que tous les ans, nous vivions au delà de ce que la planète pouvait nous offrir. Enfin, cela fait quelques années que nous sommes dans ce schéma et rien ne change, il y a toujours des publicités à la télévision. Mais rien n’a changé, sauf les logos de certaines marques.
La consommation de masse et l’industrie nous ont habitué à consommer des produits dans des boîtes en plastique ou en carton, et ce, dès la naissance. Je plaide coupable, je suis un pur produit de ce mode de vue. Il en faut toujours plus, avec toujours plus de sucre, de gras et de merde, quitte à nous rendre accros. Notre génération Y est la plus touchée, puisque tout le monde trouvait ça très pratique dans les années 90. Nous sommes nés dans les frites McCain, les pizzas surgelées Marie et les sandwiches Sodebo. J’ai toujours vu les gens de mon quartier acheter des produits à Aldi, des sous-marques comme on dit. Que contenaient les aliments que nous avons mangé durant notre jeunesse, alors que les lobbies de agro-alimentaires se gavaient ? Enfin, c’était pareil pour les autres magasins; et c’est encore le cas. Que ça soit discount ou non.
Personnellement, j’essaie de faire un minimum attention aux produits tout en me disant que c’est peine perdue, chaque jour, les médias me le rappellent. Trop de scandales alimentaires ont bercé ma jeunesse pour que je puisse commencer à y penser. Sinon, cela deviendra une obsession. Il faut vivre avec. Toutes les semaines, les médias nous annoncent que tel produit est mauvais, que celui est cancérigène, qui celui à un effet sur tel organe. Voulez-vous la liste des conservateurs et des additifs dans les gâteaux que nous mangeons, les chips que nous avalons, les bonbons que nous dévorons, depuis tout petit ?
J’annonce le temps où bientôt, manger une pomme pourra vous tuer, alors il faudra plutôt manger une poire. Jusqu’au moment où la poire sera nocive pour la santé. Sauf que dans tout ça, ce sont nous, les poires. Des bonnes grosses poires prêtes à être consommées pour le sacro-saint profit.