Oui, je suis né en 1985. C’est à ce moment que vous repensez au titre de cet article et pensez “WTF ?”.
Pourquoi et comment, je ne peux pas vraiment le dire. Enfin, j’ai ma petite idée. Je pense que j’aime les BD des années 70 grâce à mon père, indirectement. Il était petit durant cet âge d’or et me parlait souvent de journaux de bande dessinée mythiques, tel que Pif Gadget et Pilote.
Il faut dire, à 3/4 ans, je voulais déjà lire et je tannais ma grand-mère pour savoir quand est-ce qu’on m’apprendrait à lire. Alors, faute de mieux, je dessinais. Ceci doit expliquer pourquoi j’aime la bande dessinée : cela lie les deux arts !
Étant un foutu rat de bibliothèque dès la primaire (vous êtes surpris ?), j’ai eu l’occasion de lire énormément de bouquins adaptés à mon âge. J’adorais Roald Dahl ou PEF (pas le Robin des Bois) avec son classique “La Belle Lisse Poire du prince de Motordu”. Et je me suis intéressé de suite à la bande dessinée. C’était rapide à lire, drôle et avec du fond pertinent.
Petit aparté hors-sujet : Les gens qui me connaissent savent que je suis un gros fan des Simpsons. Mais savent-ils qu’en parallèle de cette série géniale, je suis aussi (et presque avant tout) un inconditionnel de Matt Groening ? Dans la moitié des années 90, je découvrais Life in Hell (La vie c’est l’Enfer), la série de comic strip légendaire et son humour réaliste et caustique sur le monde, la bureaucratie et l’amour (mais aussi les sucrettes cancérigènes que l’on met dans notre café au bureau). On y retrouve déjà le style Simpsonesque et la critique de notre société.
Concernant les années 70, c’est surtout la découverte de Pif Gadget qui a déclenché ma curiosité. Je ne sais plus comment mais je me suis mis à lire des Pif Gadget et des Pif Poche. Le journal était déjà mort quand j’ai vraiment commencé à m’y intéresser. Je me suis mis à faire les brocantes avec mes parents pour en faire collection. Celle-ci traîne dans le grenier de ma grand-mère, c’est un peu mon trésor de jeunesse.
Ce journal communiste pour jeune m’a permis de découvrir des personnages incroyables : Pif, évidemment, mais aussi Pifou, son fils, et son mythique “Glop / Pas glop” (il ne savait dire que cela, ou presque, avec des déclinaisons) et Placid et Muzo. Dans l’ensemble, c’était très naïf mais divertissant et rassurant. Le style graphique était simple et efficace. Je pense que mon personnage préféré dans cet univers (créé par Arnal et repris par Roger Mas) est Hercule le chat. Un vrai félin un peu dingue, qui deviendra de plus en plus fou au fur et à mesure. L’apogée du personnage viendra avec la reprise du personnage à la fin des années 70 par le dessinateur Yannick, qui rendra Hercule incroyablement dynamique et décalé.
J’y ai découvert également Gai Luron, Dicemtin, Super Matou ou Léonard Génie, que tout le monde connaît (enfin, je crois).
Grâce à Gai Luron, je fus amené à lire d’autres BD de Gotlib. Comme les Dingodossiers ou la Rubrique à Brac. C’est un peu compliqué de décrire cette oeuvre, remplie de Running Gag classiques (Isaac Newton et la pomme, la Coccinelle dans un coin de page, …) et de personnages hauts en couleur (le professeur Burp ou le commissaire Bougret). Lire la Rubrique à Brac, c’était s’assurer de ne pas être enfermé dans un univers en particulier, tout partait en couille, que ça soit dans la trame narrative ou dans le dessin. Puis le style de Gotlib est tellement efficace, juste délicieux et plein de détails que ça en devient jouissif, merveilleux.
Puis j’ai découvert le monde de Pilote, et surtout Achille Talon de Greg. Achille, son père Alambic, véritable connaisseur en petite mousse et le mythique voisin mi casse-couille, mi ami, Lefuneste. Les longues tirades de cet érudit un peu bête et naïf de Talon sont succulentes et on se demande où il veut en venir, où il va arriver, quelle sera la conclusion ? Souvent, nulle part, dans une chute honteuse.
Difficile de parler de BD sans parler de Franquin. J’adore forcément son Spirou et Gaston mais dans les années 70, il sortait surtout les premières planches des Idées Noires, que je considère comme une bande dessinée culte et fondatrice. C’est vraiment mon oeuvre préférée de Franquin. Elle va à l’encontre de ce que Franquin dessinait en temps normal, et c’est bien ça qui est admirable et magnifique.
Dans le désordre, je vous conseille très vivement d’aller lire le Concombre Masqué de Mandryka ou les livres de Mordillo si vous aimez les univers décalés et absurdes. Dans le pur réalisme de l’entourloupe à l’ancienne, foncez dévorer les aventures des Pieds nickelés, les trois roublards les plus connus de France.
J’adore ces univers où les codes étaient différents et probablement plus simples et en même plus fouillés qu’aujourd’hui. Tout le monde pouvait s’y retrouver, c’est un véritable trésor en terme de culture, d’ouverture, d’expérience et de microcosme. D’ailleurs, les auteurs actuels ont tous repris des idées similaires et parfois, on y retrouve des références.