A la fac, j’ai rencontré beaucoup de personnes. De nouvelles personnes. En clair, mon cercle d’amis a énormément évolué et j’ai pu nouer pas mal d’amitiés. Et cela, tout du long de mon parcours universitaire.
Quand j’étais en première année de DEUG, il y avait des types formidables. Je traînais avec des garçons et des filles qui n’avaient rien à voir avec les personnes que je côtoyais au lycée. Pas que les gens de mon lycée était inintéressants, non. Disons que la population était plus hétéroclite durant mes études supérieures : le passage d’un lycée privé à une université publique n’y est pas pour rien. La diversité de profil est tellement incroyable dans une fac : cela va de la personne des beaux quartiers dont les parents n’ont pas daigné foutre un centime dans l’avenir de leur progéniture (ce sont des cas existants mais relativement rares) au spécimen provenant d’un milieu très très modeste mais ayant plus de motivation pour réussir que la Terre entière. Enfin, il y a aussi des gens qui ne savent pas trop ce qu’ils foutent là. C’était un peu mon cas, c’était un peu le cas de K et de B. K et B, ce sont des mecs avec qui j’ai eu relativement vite des affinités, des délires. Toujours les premiers à faire des conneries à la fac; cela m’a valu de louper mon année. Avec joie et bonheur.
K, B et moi, après cette année de fac (et un changement d’orientation pour B et moi), avons eu l’occasion de bouger tout l’été 2005 ensemble, à écouter du rap, beaucoup de rap. Je portais des baggy et des tee-shirts 3XL, B aussi. Des vrais Diplomats version française. On aimait déconner sur la plage, dragouiller des meufs tout en restant vraiment trop misogyne. Nos échecs sentimentaux précédents nous avaient rendu aigris et clairement, une rengaine malsaine et puérile à base de “Toutes des connasses” nous rongeait le cerveau. A 20 ans, c’est limite excusable. Mais déjà limite. A 30 ans, j’ai du mal à donner du crédit à mes pairs qui raisonnent de la même manière. B avait poussé un coup de gueule à la fin de l’été, sur K et moi-même, afin que cela cesse, en pointant un fait : ce raisonnement misogyne ne réglait rien. Si on voulait trouver des nanas, il fallait changer. Il avait raison.
Quelques mois plus tard, B avait trouvé une nana, il était casé. On en parlait rarement, ce n’était pas une légende mais j’avais une telle impression de routine déprimante dans leur relation : ils se voyaient le samedi, allaient au cinéma et après, mangeaient un McFlurry. Je ne trouvais pas cela très passionnant mais ce mode de fonctionnement leurs convenait, c’était le principal.
Avec K et B, on a fini par s’éloigner. Pas de la même manière, mais c’est ce qu’il s’est passé. D’abord, les orientations de chacun avaient évolué dans des sens différents. Ensuite, avec B, les délires étaient différents, totalement différents. Il avait changé de comportement, de style vestimentaire, j’avais de plus en plus de mal avec son humour très pipi/caca, je n’aimais définitivement pas les nouvelles personnes qu’il fréquentait. Je les trouvais idiotes. Il a fini par larguer sa nana. K avait également évolué mais il était resté fidèle à lui-même : il avait trouvé la femme de sa vie, qui habitait loin. Quand on se voyait après un certain temps, nous revenions instantanément à l’époque de la fac. Et c’est toujours le cas actuellement, même si on ne se côtoie que (vraiment trop) rarement.
A l’époque, tout le monde communiquait via MSN. B vient discuter avec moi, je lui explique que j’ai de moins en moins de temps, on parle de nos orientations, de nos cours, de ma relation avec mon ex, les trucs habituels. C’est à moment qu’il m’avoue avoir un truc à me dire, sérieux, le truc. Je suis surpris, je ne vois pas trop de quoi il veut parler mais ok. Là, il m’annonce qu’il est gay, il me demande si ça me choque. Je lui explique que j’avais senti un changement chez lui, que c’était presque prévisible mais que c’était bizarre tout de même. Bizarre, pas parce qu’il était devenu gay, juste que ce changement est arrivé très rapidement. Quand tu vas draguer des nanas avec un pote et que celui-ci t’annonce, quelques mois plus tard, qu’il est homo, c’est déstabilisant. Finalement, il était plus heureux, il avait trouvé son orientation, c’était bien pour lui. J’étais heureux de le voir en train de s’épanouir dans sa nouvelle vie. Il se cherchait, il s’est trouvé, ce n’est pas donné à tout le monde.
Les dernières nouvelles que j’ai eu de lui étaient plutôt cool, il était avec quelqu’un de bien et semblait heureux. Je l’ai croisé, plus tard, au loin, dans un bar. Je n’ai pas du tout adhéré à son comportement digne d’un adolescent bourré. J’ai trouvé ça dommage, c’est le genre d’attitude qui m’exaspère. Que ça soit un proche, un pote, une connaissance ou pas. Je me suis dit que, finalement, ça y est, on n’avait plus grand chose en commun. C’est la vie.
Définitivement, ce genre d’expérience m’a fait comprendre que les gens peuvent changer si rapidement. Et tant que c’est pour leur bonheur et dans le respect, c’est beau, c’est ce qui me donne le sourire tous les jours.